EGLISE DE L ASSOMPTION

HISTOIRE

Eglise de Taron
Eglise Assomption de la Bienheureuse Vierge Marie
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COMMENT VISITER L’EGLISE

 

L’église de l’Assomption-de- la-Bienheureuse-Vierge-Marie de Taron fait partie de tous ces édifices religieux romans qui maillent le Vic-Bilh. Ces églises, qui surgissent ainsi, peu après la fin du premier millénaire, ne sont pas implantées au hasard ; certaines sont construites dans le voisinage d’anciens établissements gallo-romains, les plus nombreuses naquirent sans doute à proximité immédiate de la résidence d’un gros propriétaire terrien, détenteur à l’échelon local d’un pouvoir informel et limité, d’autres occupent l’emplacement d’un lieu de culte païen, souvent une fontaine christianisée par le passage d’un saint personnage.

Notre-Dame de Taron possède sous l’habillement, de ses voûtes à croisées d’ogives, de son chevet à pans coupés percé de belles baies gothiques, de son porche  et de son clocher classiques d’importants vestiges de l’époque romane et même antérieurs. En effet, s’il est un exemple particulièrement saisissable d’église médiévale ayant succédé à un établissement gallo-romain, c’est bien celui de Taron.

Un simple plan d’ensemble du site permet de voir que l’église est construite parallèlement à l’aile est d’un bâtiment du quatrième-cinquième siècle : le principe des constructions à angle droit était de règle à Taron, comme dans la plupart des villas gallo-romaines. De là à affirmer que l’église est construite sur les substructions de l’aile nord de la villa il n’y a qu’un pas que seule la poursuite des fouilles nous permettrait de franchir.

Quoi qu’il en soit, la comparaison des maçonneries anciennes de l’église, c’est-à-dire la base des murs gouttereaux de la nef, avec celles qu’ont mis à jour les fouilles, ne laisse pas de doute sur la continuité, au point de vue des techniques de construction, qui a pu exister en Vic-Bilh entre les époques  gallo-romaine et romane. Le matériau que nous trouvons dans les deux cas est en effet celui qui constitue encore les murs de nos maisons : le moellon de pierre et le galet, d’approvisionnement facile sur les terrasses tertiaires qui constituent l’assise géologique du Vic-Bilh.

 

ENTRONS DANS LA NEF


L’importance  de cette église est sans doute liée à l’absence d’édifice religieux dans plusieurs paroisses du Sadiraguès (Sadirac,Viellenave, Haron, Maumusson) et peut-être à un culte de reliques. Par ses dimensions autant que par son intérêt architectural, elle occupe une place de premier plan dans l’architecture religieuse du Vic-Bilh.

Nous entrons par un corps de porche ajouté en 1 744-1 747 dont les pierres sculptées et bûchées, utilisées en remploi,  proviennent  peut-être d’un portail roman préexistant (où ??????). Il était alors fermé par une grille, disparue à la révolution.

L’église primitive romane (Xè ou XIè s.) fut donc sans doute bâtie sur les fondations de l’aile sud d’une villa gallo-romaine. Le vaisseau central était alors sensiblement moins haut, on peut le voir : à l’intérieur par la différence d’appareillage des galets et à l’extérieur du bâtiment par un bandeau de pierre courant le long du mur nord, aux deux tiers de sa hauteur( ?). L’église fut largement reconstruite dans la seconde moitié du XVè s. en utilisant les murs gouttereaux romans préexistants, d’où certaines irrégularités de plan (les travées sont inégales, le percement des fenêtres nord est désaxé et réutilise, en les agrandissant, les ouvertures antérieures), en procédant au voûtement, à l’établissement des contreforts extérieurs et à la construction du chœur.

Contre le mur nord, on découvre la chaire à prêcher qualifiée de neuve en 1 773. Elle était peinte et dorée, en chêne ou châtaignier, avec des décors taillés dans la masse et peints en marron.

À  la veille de la révolution, l’église était en fort bon état mais, en 1 793, les culots de la nef furent mutilés et, selon Daugé, on tenta d’arracher la clé de voûte du chœur.

 

LA CHAPELLE SUD


La chapelle sud dédiée à Saint Augustin puis Saint Joseph (en D du plan), dont le voûtement- matériau et structure- paraît identique à celui du vaisseau principal, peut très bien  avoir été élevé vers 1 500 ( ?)peu de temps après que l’on eût voûté celui-ci. Au-dessus de cette chapelle, dans le comble, se trouve une petite pièce éclairée par une fenêtre à coussiège.

Constatons que cette chapelle, tout comme l’autre chapelle sud, n’est pas au même  niveau que les autres parties de l’église. On peut alors échafauder les interprétations les plus farfelues.

 

LA CHAPELLE NORD


Cette chapelle fut d’abord dédiée à Sainte Catherine puis à la Vierge (en E du plan), elle est collée sur les contreforts de la nef. Le tracé des voûtes, le profil des moulures et le style des culots sculptés semblent légèrement plus tardifs (années 1 520) que ceux de la chapelle sud.La comparaison des clés de voûte est peut-être encore plus significative : les armes, semblables dans les deux cas, figurent au centre d’un large motif polylobé au dessin flamboyant au sud, dans une couronne antiquisante de feuillage et de baies au nord.

Les culots des moulures sont représentatifs des quatre évangélistes : un homme pour Saint Mathieu, un aigle pour Saint Jean, un lion pour Saint Marc et un taureau pour Saint Luc. Au-dessus des culots, figure un décor végétal avec un lièvre, ce qui suggère une relation avec la famille d’Albret, peut-être.

La clé de voûte centrale montre des armoiries qui comportent une clé secondaire en chef dont la signification n’est pas déterminée.

Des fragments de mosaïque, déposée par Cl. Bassiet puis restaurée, figurent ici. Ils proviennent bien entendu de la villa sur laquelle l’église a été construite. Sept pavements en opus tesselatum ont été retrouvés en place, dans un état très fragmentaire. Une certaine homogénéité caractérise les tapis à motifs végétaux : petites tesselles, palette variée à base de noir, blanc, jaune et rouge ,auxquels  s’adjoignent du vert (ophite) et du gris bleuté ( marbre du type de Saint Béat). Dans les autres  fragments  à décors relativement simples, essentiellement géométriques les tesselles sont plus grosses, la polychromie plus réduite et l’exécution plus fruste. Le mosaïste a largement utilisé les thèmes végétaux : acanthe, laurier, vigne, lierre, plantes stylisées, arbres fruitiers. Les pavements à décor végétal de Taron illustrent parfaitement la production de certains ateliers du sud-ouest de la Gaule à la fin de l’Antiquité (rapprochement avec Séviac , Sarbazan …).

 

LE CHŒUR


Il fut reconstruit, comme la nef, dans la seconde moitié du XVè s. en une abside à trois pans…………   La lumière solaire éclaire les verrières qui représentent des épisodes de l’Annonciation à la Vierge Marie : à gauche l’ange Gabriel et la Vierge, au centre les apôtres Pierre et Paul, à droite la Visitation de la Vierge Marie à sa cousine Elisabeth.

Les peintures murales traitent du même sujet : à gauche l’ange de l’annonciation, au centre Pierre et Paul, à droite la Vierge.

Les tableaux de peinture découlent de la même inspiration : à gauche l’Annonciation, daté de 1756 ; à droite l’Assomption par Fidel Gudin, daté de  1839.

L’ancien autel et son tabernacle, les six chandeliers d’autel en bois peint doré et les statuettes en plâtre doré ont été réalisées par Giraudy en 1765.

Les boiseries du chœur réalisées par Giraudy et Laussate en1773 sont en bois d’olivier et la cathèdre en cœur de chêne et noyer.

Un rétable  dont on peut distinguer encore les points d’ancrage ( ?) dans les murs a été refait fin XVIIè s. puis a disparu.

On peut voir aussi la sépulture de Guillaume de Salies-Lème, seigneur de Sadirac, décédé en 1736                                       

 

L’AUTRE CHAPELLE SUD - LA SACRISTIE


Contre l’église romane du Xè ou XIè s. vint se greffer au XIIè s. la chapelle sud (en C du plan), dont la courte nef semble dès l’origine avoir été prévue pour servir de base à un clocher-tour. Nous sommes ici dans la partie purement romane avec une belle voûte en cul de four, la construction en pierre avec marque des tailleurs . Un chrisme, utilisé en remploi, fait naître de nombreuses interrogations et suscite des interprétations variées.                                                                                                                                                                 

 

 La destination de cette chapelle a suscité bien des hypothèses ; celle d’une chapelle primitive « autonome » doit être écartée ( ?) : ses dimensions, le rapport de l’espace liturgique et de la nef, le fait qu’elle serve d’assise à un clocher, indiquent au contraire que nous sommes là en présence d’une annexe d’un édifice. L’abbé Daugé avait proposé d’y voir un « martyrium », lié à la présence des reliques conservées dans un sarcophage de pierre derrière l’autel. Nous sommes sans doute en présence d’un lieu de pèlerinage auquel se rattache un rite prophylactique ou curatif. L’absence de décor sculpté rend difficile à dater avec précision cette construction qui ne semble toutefois pas antérieure au milieu du XIIè s.

Le sarcophage était encore l’objet, au début du XXè s., de pratiques magiques par frottement des ossements qu’il contenait, accessibles par un trou pratiqué dans le couvercle. La situation du sarcophage, à l’arrière de l’autel et le petit passage ménagé sous la cuve, incitent à penser qu’aux processions signalées par Daugé devait être associé un rite particulier de passage ( ?), à la manière de ceux liés aux «  veyrines » en Bordelais ? mystère ! La hiérarchie catholique ne voyait pas tout cela d’un très bon œil ! 

Le sarcophage
Nelly Pousthomis-Dalle & Marc Salvan-Guillotin
reliques à l'époque médievale_sarcophage
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LE CLOCHER


Ce clocher-tour, du moins pour sa première partie, doit dater de la construction de la sacristie actuelle. À l’évidence, il était aussi défensif.

Il fut vraisemblablement rehaussé lors des travaux de 1759-1762, la charge supplémentaire occasionnant l’apparition de lézardes inquiétantes ( des tirants métalliques furent mis en place). Il faut se rendre dans le cimetière pour observer ces phénomènes.

 

 

Textes recherchés, reproduits et écrits par M.Guiraut.

Bibliographie : Vic-Bilh, Morlaàs, Montanéres

Inventaire Général des Monuments et des Richesses Artistiques de la France

Imprimerie Nationale Editions Paris 1989, sous la direction de Jean-Claude

Lasserre, Conservateur Régional de l’Inventaire

Photographie de M .Jaudet